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Les Tristes Clones
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Messages : 130 Date d'inscription : 28/06/2011 Age : 47 Localisation : Dans ses reves...
Sujet: Hannah Arendt, la banalité du mal. Mer 16 Avr - 17:12
Le concept
Hannah Arendt, philosophe et spécialiste de théorie politique, juive allemande, réfugiée aux États-Unis, suit, en 1961 et 1962 en Israël, le procès d'Adolf Eichmann, criminel de guerre nazi, en tant qu'envoyée spéciale du New Yorker. Elle estime qu'Eichmann, loin d'être le monstre sanguinaire qu'on a décrit, est un homme tristement banal, un petit fonctionnaire ambitieux et zélé, entièrement soumis à l'autorité, incapable de distinguer le bien du mal. Eichmann croit accomplir un devoir, il suit les consignes et cesse de penser. C'est ce phénomène qu'Arendt décrit comme la banalité du mal. Il ne s'agit pas de le disculper : pour Arendt, cette attitude est impardonnable, et Eichmann est coupable. Ce concept pose des questions essentielles sur la nature humaine : l'inhumain se loge en chacun de nous. Dans un régime totalitaire, ceux qui choisissent d'accomplir les activités les plus monstrueuses ne sont pas si différents de ceux qui pensent en être incapables. Continuer à « penser » (c'est-à-dire s'interroger sur soi, sur ses actes, sur la norme) est la condition pour ne pas sombrer dans cette banalité du mal ou encore dans la « crise de la culture ». Dans un régime totalitaire, cela est rendu plus difficile par l'idéologie, la propagande et la répression. Aujourd'hui l'imprégnation idéologique des exécuteurs est considérée comme plus importante que ce qu'en pensait Hannah Arendt dans les années 1960. Les SS étaient persuadés que «le juif » était l'ennemi de l'Allemagne et que si on ne le détruisait pas , c'est l'Allemagne qui serait anéantie. La thèse d'Arendt avait déjà été combattue par des chercheurs comme Max Weinreich dès le Procès de Nuremberg. Les idées d'Harald Welzer
De son point de vue, Harald Welzer, psychologue social allemand, replace, quarante ans plus tard, la responsabilité de tels fonctionnaires dans le contexte général de la société qui les avait engendrés. Selon Welzer il suffit qu'une seule coordonnée - l'appartenance sociale ou ethnique - se décale pour que tout l'ensemble des systèmes de jugements de valeur de la société change. Ce décalage consiste en une redéfinition radicale de ce qui fait partie ou non de l'univers d'obligation générale. La distinction absolue en appartenants et non-appartenants est commune aux sociétés meurtrières d'Allemagne, du Rwanda, de l'ex-Yougoslavie. Une fois lancée une politique d'exclusion des non-appartenants (bien que ces sociétés allemandes, slaves, africaines, soient par ailleurs extrêmement différentes), spoliation, puis déportation, «nettoyage» et finalement extermination pure et simple des non-appartenants réapparaissent avec une régularité terrifiante. Le même auteur, Harald Welzer, analyse avec un recul d'un demi-siècle la mémoire émotionnelle, familiale de groupes de parents et proches de génocidaires. Il semble que la réussite de l'information et de l'éducation sur les crimes du passé inspire aux enfants et aux petits-enfants le besoin de donner à leurs parents et grands-parents une place telle qu'aucun éclat de cette atrocité ne rejaillisse sur eux. Mais Welzer comme sociologue positionne son approche du problème à partir de la société qui a permis l'apparition des exécuteurs dans son ensemble et non pas à partir des exécuteurs eux-mêmes pris isolément. Il explore surtout l'extrême rapidité avec lequel il est possible de faire basculer l'ordre moral d'une société dans son ensemble à partir de la modification de données d'appartenance sociale ou ethnique.
Erreurs d'interprétation répandues
La banalité du mal n'est donc pas la « banalisation » du mal. Il s'agit plutôt des cas où le mal est protégé par la loi et fait l'objet de toute une propagande, de toute une idéologie, de tout un système étatique, etc. que des individus servent avec conviction et auxquels ils croient aveuglément. Le concept de banalité du mal ne disculpe pas les auteurs de crimes.
Hannah Arendt
Hannah Arendt, née Johanna Arendt à Hanovre le 14 octobre 1906 et morte le 4 décembre 1975 à New York, est une philosophe juive allemande naturalisée américaine, connue pour ses travaux sur l’activité politique, le totalitarisme et la modernité. Elle ne se désignait pas elle-même comme « philosophe », mais plutôt d'après sa profession : professeur de théorie politique (« political theorist »). Son refus de la philosophie est notamment évoqué dans Condition de l'homme moderne où elle considère que « la majeure partie de la philosophie politique depuis Platon s'interpréterait aisément comme une série d'essais en vue de découvrir les fondements théoriques et les moyens pratiques d'une évasion définitive de la politique. » Ses ouvrages sur le phénomène totalitaire sont étudiés dans le monde entier et sa pensée politique et philosophique occupe une place importante dans la réflexion contemporaine. Ses livres les plus célèbres sont Les Origines du totalitarisme (1951), Condition de l'homme moderne (1958) et La Crise de la culture (1961). Son livre Eichmann à Jérusalem, publié à la suite du procès d'Adolf Eichmann en 1961, a suscité des controverses.
Hannah Arendt, la banalité du mal.
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